jeudi 12 avril 2007

N°6-(J+21) "LE CARNET DU PELERIN"- QU'EST-CE QUI FAIT MARCHER LE PELERIN?

Alain le Pèlerin a quitté le Pays de "PouPou" le N°2 du cyclisme des années 60, pour rejoindre après 260 kms, la région sud de PERIGUEUX, à La REOLE. Nous allons suivre sa progression, et l'interroger sur ses motivations afin d'en décrypter les méandres .

Le BLOG: Alain, les lecteurs et amis du Blog s'interrogent sur le sens que tu donnes à ton départ. Quelles en sont les motivations?
Alain le Pèlerin: C'est difficile d'évoquer ce genre de chose car cela reste du domaine "un peu intérieur"comme quelque chose de mystique et assez personnel. J'ai d'autant plus de mal à l'exprimer qu'il est quelquefois difficile de mettre des mots sur des sentiments, des croyances, des convictions. Néanmoins pour vous en dire davantage je vais me faire un peu violence. Indéniablement le projet relève d'une forte envie de mouvement, comme un appel à faire quelque chose qui sorte de l'ordinaire. Le besoin d'action prime sur toute idéologie même si dans l'inconscient des germes sont là. Pour moi, c'est une opportunité de réflexion, de méditation, d'isolement, d'indépendance, d'effort, de test et de prise en charge individuelle à 100% qui me mobilise et me fait me surpasser.

Le BLOG: Si on comprend bien on y trouve un mélange de"migration confessionnelle" de "retraite spirituelle" en même temps que le "goût du sacrifice".
Alain le Pèlerin: Effectivement, on peut le dire comme cela, c'est aussi une recherche profonde de communion avec la nature pour l'apprécier le plus naturellement et le plus simplement du monde, sans artifices.

Le BLOG: C'est Goethe qui disait
"L'acte le plus difficile est celui que l'on croit le plus facile:
percevoir d'un regard toujours en éveil,
les choses qui se présentent à nos yeux."
Est-ce le message que tu veux nous faire passer?
Alain le Pèlerin: Entendre le silence, voir les éléments, relève aujourd'hui dans notre société, d'une exquise sensation, de plus en plus rare. C'est également cela que je vais chercher en pèlerinage. Le silence est propice à l'écoute et à la réflexion. Inutile de le briser, il faut le déguster comme on le ferait d'un bon cru. Le silence est un creuset dans lequel on puise beaucoup de ressources pour faire face à la souffrance et pour mieux apprécier ce qui se présente à nos yeux, pour mieux apprécier ce que l'on a quitté, et ceux que l'on a laissés au pays.
Le BLOG: Ces raisons sont très louables et on ne peut qu'admirer, et qu'y-a-t-il , en plus?
Alain le Pèlerin: Il y a également dans cette démarche volontaire et oh! combien éprouvante, une recherche de positionnement socioculturel qui permet le recul suffisant pour une réflexion sur soi, sur les autres en général et les laisser pour comptes en particulier. En fait c'est une sorte de thérapie dans une société où le retraité que je suis -inactif par nature- se rebelle pacifiquement et à sa façon, comme certains le font en se rendant utiles aux Restos du Coeur à Emmaüs ou dans une ONG.
C'est peut-être aussi un moyen de méditer, de maîtriser "une sorte de dialogue interne", de faire le tour de soi même, de se montrer qu'on existe et que nos capacités sont intactes et insoupçonnées. Même si personne n'exige de moi que je réussisse.
C'est également une riche opportunité pour se mettre en situation de faire face, avec peu de moyen. Faire face aux éléments, aux tentations, au manque de confort. Par exemple, je rêve souvent de retrouver des situations dans lesquelles la bougie est encore le seul moyen d'éclairage. Sans être passéiste, tout ce qui touche aux traditions ancestrales, aux valeurs partagées par les générations du début du 20 ème siècle, m'intéresse et me procure un sentiment de plénitude délicieux. Je pense qu'à cette époque une sorte de "bon sens" l'emportait sur l'impulsion.
Je voudrais prendre un exemple, dans la société de consommation et matérialiste que nous connaissons. Posons nous plus souvent les questions:
est-ce UTILE?
- est-ce NECESSAIRE?
- est-ce INDISPENSABLE?

Le BLOG: Tu fais peut être allusion à une émission TV d'il y a quelques mois qui posait ces questions concernant une TV dans la chambre d'un enfant de 2 ans:
est-ce UTILE?......... n'est-ce-pas FUTILE?.
est-ce NÉCESSAIRE? peut-être.
est-ce INDISPENSABLE? à chacun de juger.....
Alain le Pèlerin:C'est certain que l'expérience que je vis actuellement, m'interpelle et me donne des réponses -de bon sens- à ces questions simples.

Le BLOG: Si tu avais une devise, un enseignement, un slogan à évoquer pour ce second pèlerinage, ce serait quoi?
Alain le Pèlerin: Pour l'enseignement, c'est certainement d'être plus raisonnable au niveau de l'équilibre alimentaire. Bien qu'étant partisan d'une nourriture frugale, il me faut cette fois avoir des repas plus énergétiques et consistantes pour éviter les carences, et pour que l'organisme ne puise pas trop dans les réserves (la perte de 10 kgs en 2005 ne doit pas se renouveler). C'est ainsi que j'éviterai "les coups de pompe" et que je compenserai la perte calorique très importante due aux efforts répétés et quasi constants.
Sinon pour une devise, je n'en ai pas de précise. Issu d'un milieu très humble, et proche de la nature, donc d'éléments pas toujours maîtrisables, ni toujours agréables, j'ai appris à souffrir, à me battre, à vivre avec mon environnement en appréciant les moindres détails. En fait je crois qu'il faut savoir se contenter de ce que l'on a, d'en tirer le meilleur usage, de ne pas envier tout et rien, même si la tendance est répandue aujourd'hui de penser que "l'herbe est beaucoup plus verte chez le voisin".
Dans une échelle de valeur, savoir se situer,
regarder vers le haut sans envie
et voir vers le bas avec empathie
est peut-être une des clés de ce qui m'anime.
Le BLOG: On cause, on cause!!, et malgré ton appréhension, on constate que tu nous a fait passer des messages forts qui intéresseront nos amis lecteurs, qui attendent maintenant le récit de cette 3ème semaine. Qu'as-tu à nous faire partager du chemin qui t'a conduit de St LEONARD DE NOBLAT à La REOLE?
Alain le Pèlerin:
12ème Jour:Durant cette période Pascale, les édifices sont ouverts et leur visite est facilitée. C'est une journée de rencontres et de discussion qui m'incitent à m'arrêter pour prendre le menu du jour à BUSSIERE GALANT. En repartant, sur les conseils d'une passante, je me dévie du bon itinéraire. Heureusement un aîné me remet sur les rails, et là je discute avec un ancien photographe pro qui me donne du tonus.
Ce soir, il y a du vent et je dors sous un hangar.
13ème Jour: Je suis maintenant en Dordogne, et j'ai perçu le premier cri du coucou. Vite des sous dans ma poche....!!! Je fais 35 kms en passant à PALAIS où je fais tamponner ma créanciale à la mairie, avant de m'arrêter à SORGES (pays de la truffe) en gîte près de l'église.
15ème Jour: "Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin Alain......." disait Joe DASSIN. C'est un peu le refrain du moment car je suis le plus souvent à marcher, seul. C'est, 40kms pour aujourd'hui, avec soleil et froid ce matin, tandis que la pluie s'acharne sur moi l'après-midi, au point de faire une halte sous la tente vers PERIGUEUX, où je fais quelques courses, dont une tablette de chocolat qui me fera le meilleur effet....énergétique, et on dit aussi, que ça réduit le stress.
16ème Jour: C'est une journée à 40 Kms, avec discussions sur le marché de St ASTIER où on m'offre un verre de vin blanc. C'est l'occasion également de voir deux Pèlerins Hollandais, et nous échangeons malgré la barrière de la langue en langage "Pèlerin" (vous ne pouvez pas comprendre!!!!).
La traversée d'une longue forêt a quelque chose d'un peu ennuyeux vers St GERY. Là l'hospitalité naturelle transforme ma demande d'eau, en une bière propice à la conversation. Et quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que la femme qui me servait était native de TREIGNY à côté de St AMAND dans la NIEVRE. Autrement dit, la région où j'ai tenu un commerce pendant quelques années. La difficulté, dans ce cas, ce n'est pas la langue, car il n'y a pas de frontière et je parle facilement "le Nivernais", mais c'est de repartir. Car on se sent bien avec des hôtes pareils!!!et pourtant il me faut continuer le chemin. Alors je repars le coeur "gros" et gai.
Je pose ma tente dans la cour d'une ferme inhabitée vers 19h. Au réveil, c'est la stupeur. Un énorme spot s'allume signalant la présence de l'intrus que je suis. Il n'y aura aucune alarme, ce qui me permet de repartir serein vers Ste FOY LA GRANDE.
J'ai une pensée particulière pour les Amis du jeudi, beloteurs et taroteurs qui ne manquent certainement pas de se "piquer" des points.
17ème Jour:
Le BLOG: Les Amis du jeudi, suivent de près tes pérégrinations, et cela fait l'objet d'une grande admiration. Quel est ton plan pour ce week-end de Pâques?
Alain le Pèlerin: Je fais une halte à STE FOY LA GRANDE le vendredi Saint, et visite bien l'église. Étourdi, j'oublie mon "bourdon" dans le magasin où je fais des courses. J'y reviens et le retrouve. Avec mon sac à dos, le bourdon est mon seul compagnon.De surcroit, c'est un bon outil de reconnaissance et pour éloigner d'éventuels prédateurs carnivores, comme les chiens.
Ce vendredi est marqué par le brouillard et le froid le matin. Je suis maintenant en Gironde et pense aux amis randonneurs de Marchais Béton.
Le 6 avril, je dors sous un hangar, et j'écris sur une remorque. Cet environnement est un peu déprimant, j'ai beaucoup d'espace et je fais face à la solitude.
18ème Jour: La matinée est froide au point d'avoir la goutte au nez. Je suis toujours seul à marcher sur LA REOLE, avec comme seuls accompagnements, des signes amicaux de résidents; ça réchauffe le coeur et c'est plaisant.
Le BLOG: Nous avons l'impression que le rythme est particulièrement soutenu. Comment vois-tu les jours à venir?
Alain le Pèlerin: Pour le moment, j'ai une excellente forme physique, et comme je suis seul, ma principale occupation est de marcher, marcher encore, marcher toujours..... pour rattraper sait-on jamais...un Pèlerin devant moi. Non, je n'y crois pas trop. Par contre j'espère que la prochaine semaine sera plus propice, car je vais approcher du point de convergence, de plusieurs voies vers St JACQUES. Je fais allusion à ST JEAN PIED DE PORT. Avant de passer en Espagne, lors de notre prochaine rencontre, nous parlerons de mon organisation au quotidien.

NB: Si vous désirez communiquer avec Alain le Pèlerin CLIQUEZ ICI. (Le PC suiveur assure le relais)

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